samedi 8 août 2009

Les monnaies libres sur Twitter


L’état d’esprit du logiciel libre est en train de s’infiltrer un peu partout. L’Open Source fait des émules au point que l’on parle d’Open Content, d’Open Research, d’Open Data, Open Innovation etc. D’un autre côté, en période de crise, l’état doit-il rester propriétaire de toutes formes de monnaie, précisément au moment où celles-ci viennent à manquer pour beaucoup d’entre nous ? Quelques iconoclastes ont osé avancer l’idée d’une Open Money. Selon eux, il n’y a aucune raison valable pour une communauté, de rester sans argent. Alors même que les richesses existent : les compétences, les matières premières, le temps... sont toujours là ! Les monnaies ne sont que des outils de mesure qui devraient faciliter les échanges de richesses.



Les technologies du Web 2.0 ouvrent des possibilités nouvelles. De multiples utilisations de ces monnaies libres sont à l’étude : sur Intranet, en tant qu'outils de motivation, sur Internet, comme compteurs des remerciements dans un réseau social, pour des jeux concours, comme outil de promotion ou de buzz ou comme outil d'animation d'une communauté… en attendant des usages potentiellement beaucoup plus sérieux ! Au travers de l’utilisation d'interfaces Web, de smart phones, de SMS ou de tablet PC, les monnaies libres sont ou seront utilisables de façon très fluide, dans le cadre d’entreprises, d’associations, d’universités ou même le temps d’un évènement …

En fait, la crise que nous traversons n'est pas sans rappeler la grande crise de 1929. En Suisse, dès 1934, 16 petits commerçants mettent en place le WIR, une monnaie parallèle permettant la poursuite de leurs échanges. En période de crise, les crédits des banques aux entreprises se raréfient. Grâce à une monnaie complémentaire de type WIR, elles peuvent directement commercer entre elles dans un sytème de crédit mutuel : l'entreprise vendeuse reçoit un crédit en monnaie complémentaire et la société acheteuse le débit correspondant. Le système se solidifie à chaque fois qu'une entreprise invite un client ou un fournisseur à participer. Aujourd'hui, un cinquième des PME helvétiques a rejoint ce système. Au cours de chaque crise, la masse monétaire des WIR augmente alors qu'en période de prospérité, cette masse monétaire diminue au profit du franc suisse. Ce système a perduré jusqu'à aujourd'hui, et le WIR, autrefois simple monnaie virtuelle, est devenu la deuxième monnaie de la Suisse, qui joue son rôle d'amortisseur à chaque bas de cycle économique.

L'économiste Bernard Lietaer prévoit que la crise se traduira par la création d'une multitude de monnaies alternatives. Ce qui était prévu de longue date est-il en train de se réaliser aujourd'hui ? La monnaie n'est plus la seule prérogative des états, puisque la monnaie représente d'abord un accord d'échanges au sein d'une communauté : une nation ou un ensemble de nations (euro), mais aussi une localité, une entreprise et ses clients, une religion, etc. Les technologies ont déjà permis la création d'une multitude de monnaies : les miles des compagnies aériennes, les s'miles points de fidélité pour neuf enseignes différentes et autant de cartes de fidélité que de grands distributeurs.



Les échanges instantanés de messages courts ont eux aussi connu une progression étonnante : tchat, instant messaging, SMS, tweets sur Twitter font peu à peu partie du quotidien de la majorité d'entre nous. Ces nouvelles formes de communication peuvent servir de véhicules pour le transport de ces nouvelles monnaies. Des projets dans ce sens ont déjà connu un beau succès. Outil phare du microblog, Twitter permet l'échange de mini message de 140 caractères maximum, à direction de ceux qui vous suivent. Chaque message est appelé un tweet (gazouillis en anglais). Depuis quelques mois, twollars est la monnaie de remerciement qui fonctionne à plein sur Twitter.

Chaque utilisateur de Twitter dispose de 50 Twollars. Plusieurs milliers de personnes ont déjà envoyé ou reçu des Twollars. Envoyer des Twollars et la façon idéale de dire merci sur Twitter. La personne qui reçoit ces Twollars peut les redonner à son tour, pour une information intéressante reçue ou simplement pour dire merci. Elle peut également donner ce Twollar à une oeuvre. A ce moment là, un particulier ou un sponsor peut prendre le relais, et avec PayPal, racheter des Twollars contre des vrais dollars qui profiteront à cette oeuvre de charité.


L'ExploraCoeur est le nom d'une monnaie libre proposée à tous. Monnaie de remerciement, l'ExploraCoeur permet de dire merci d'une autre manière... Elle permet aussi à ceux dont les contributions sont appréciées, et qui recoivent beaucoup de "merci" exprimés sous cette forme d'en tirer quelques avantages. L'ExploraCoeur s'apparente à une solution de crise, utile pour expérimenter une monnaie du coeur, poursuivre les échanges et booster la collaboration entre ses utilisateurs, lorsque les monnaies traditionnelles viennent à manquer.

Pour encourager la vélocité des échanges d'exploracoeurs entre participant, on retient que chacun d'eux dispose au départ de 200 exploracoeurs. Chaque participant concoure à l'éllaboration de cette monnaie en contribuant activement à ce projet, selon ses compétences et ses centres d'intérêt. Cette monnaie décrite en détail sur le blog exploracoeur.net, est utilisable par tous, pour s'inscrire il suffit d'adresser un tweet de la forme suivante :

@exploracoeurexp : je veux faire partie de l'expérience #exploracoeur

Vous aussi vous pouvez utiliser des twollars, rejoindre le groupe des ExploraCoeur ou même, avec WikiWikiMoney, créer votre propre monnaie utilisable sur Twitter !

Si la création d'une nouvelle monnaie libre peut se faire en une minute sur WikiWikiMoney, l'animation d'une communauté d'utilisateurs de cette monnaie prend autrement plus de temps !

Pour cela les 7 conseils suivants vous faciliteront bien la tâche.
1) Choisir un nom, un but et un Currency Manager pour votre monnaie,
2) Inviter les futurs participants, en créant un solide noyau dur et en étendant le cercle,
3) Choisir un protocole de communication clair, pour s'inscrire, pour participer, pour donner... par exemple en utilisant un compte Twitter dédié
4) Utiliser un blog ou mieux un Wiki pour enregistrer les règles, la liste de participants, et permettre à tous de contribuer,
5) Organiser des rencontres In Real Life entre les différents utilisateurs de cette monnaie,
6) Encourager tout le monde à s'exprimer, In Real Life, sur Skype, en vidéo, en tchat, dans Twitter, etc.
7) Recruter encore et toujours des nouveaux participants, écouter les utilisateurs de talent et faire tout ce qu'il faut pour que s'épanouissent de nouvelles initiatives.


Ce qui fait que la monnaie n'est pas qu'un bout de papier ou une information stockée dans un système, c'est la confiance. Sur Internet, la confiance s'appuie sur la certification de l'identité numérique. A titre d'exemple, MyID.is certified permet de certifier l'identité d'un internaute grâce à sa carte bancaire. L'adresse de l'internaute est également vérifiée grâce à un courrier à son domicile. Pour donner plus de "valeur" aux monnaies virtuelles échangées sur Twitter, la bonne solution serait d'utiliser son vrai nom associé à une identité certifiée.La certification de l'identité permettra l'ouverture à de nouveaux usages, tels que les échanges, les ventes ou les locations de biens et de services...

4 commentaires:

Florent Guignard a dit…

Bonjour Mr Gadenne,

Merci pour votre article.

Juste par curiosité, où avez-vous trouvé la première photo? Je l'ai publié pour la première fois (j'imagine) sur mon blog et suis fort amusé de la voir reprise ça et là !

Blog: solipsisma.blogspot.com

Emmanuel Gadenne a dit…

@Florent Guignard :
Cette photo je l'ai vu pour la première fois dans la présentation suivante http://www.slideshare.net/jfnoubel/081125-future-of-money-mexico-jf-noubel-presentation

Par la suite je vu passer cette photo dans un tweet qui parlait de "choisir son camp".

Florent Guignard a dit…

@Emmanuel Gadenne :
Merci pour votre réponse, je n'ai donc pas la paternité du premier relai.

Cdt,

Emmanuel Gadenne a dit…

De rien mais si tu veux bien on se tutoie...