jeudi 12 novembre 2009

LinkedIn, Viadeo, Twitter, Facebook : perte de productivité dans les entreprises ?

Préambule :
Ce billet a été rédigé par Emmanuel Gadenne , Olivier Schimpf et Julien Dorra dans une Google Wave

Sur le même sujet :
[1] Par Bertrand Duperrin : Et si on arrêtait une fois pour toutes de dire n’importe quoi sur Facebook et la productivité
[2] Par Vincent Berthelot : Quels impacts ont les réseaux sociaux sur la productivité ?
[3] Le débat complet sur Techtoc.tv, en vue d'un débat enregistré le 29/10/09.




L'usage des réseaux sociaux présente des caractéristiques contradictoires :

-1- en utilisant la sagesse des foules et la viralité, il est possible d'obtenir rapidement des réponses à des questions avec un dégré de confiance plus élevé qu'en utilisant un moteur de recherche.

Ainsi, par expérience, lorsque je pose une question pratique ou technique sur Twitter celle-ci est souvent retweetée. Au bout d'une dizaine de minutes je reçois plusieurs dizaines de réponses. Presques toutes sont correctes, de l'ordre de 9 sur 10.

La viralité est assurée par le mécanisme du retweet.

Quant à la sagesse des foules, c'est ici la pression sociale qui joue : la réponse engage celui qui la donne. Face aux autres, en cas de doute l'être humain s'abstient, ce que ne sait pas faire le moteur de recherche.

-2- En permettant la mise en relation spontanée d'informations, le web social permet une nouvelle manière de collaborer : collaborer par hasard, sans planification d'ensemble.

En entreprises les échanges sont privés par défaut. En se limitant aux échanges privés, de nombreuses informations essentielles restent prisonnières au fin fond des boites de réception.

Les outils sociaux, avec leur approche publique par défaut, permettent des collaborations étendues.

Les réseaux sociaux multiplient les possibilité concrêtes de coopétition. Cela demande de repenser les frontières informationnelles de l'entreprise.

Les entreprises travaillant dans les écosystèmes open-source sont d'ores et déjà habituées à laisser leurs employés partager des informations et du code de manière publique.

Dans le monde open-source, les entreprises les plus actives dans le partage augmentent leur expérience, leur visibilité et leurs capacités de recrutement.

Les moins :

-3- le networking est rapidement addictif.

S'il permet dans un premier temps d'occuper utilement son temps de pause au travail, il peut, après quelques mois de pratique, devenir un besoin qu'il est nécessaire de satisfaire à intervalle régulier.

De même que l'on va vérifier toutes les heures si on pas reçu un nouveau mail, on est alors susceptible d'aller voir trop fréquemment si on a pas reçu de nouveaux tweets intéressants, une nouvelle mention @reply, un nouveau direct message...

Le problème peut aller jusqu'à déborder sur les anciens modes de communication : faute d'un réglage adéquat, les réseaux sociaux sont aussi des émetteurs de emails bavards susceptibles d'engorger votre boîte aux lettres. Ou même votre téléphone via les SMS envoyés par Twitter ou par les outils associés comme Boxcar sur iPhone !

Les plus ou moins :

-4- les réseaux sociaux sont les lieux d'exercice idéal de la sérendipité.

En clair, on y trouve ce qu'on y cherchait pas au départ. Cette sérendipité est idéale pour la veille, l'innovation, le partage d'une culture avec ses pairs, et le développement de son domaine de spécialisation aux contacts des experts.

Cette capacité à trouver, plus ou moins vite, autre chose que ce que l'on était venu chercher au départ peut aussi constituer un frein à la réalisation rapide de tâches simples.

Parfois, on aurait pu trouver la réponse plus vite dans Google ou dans Wikipédia qu'en collaborant de façon systématique avec son réseau. Ce n'est pas complètement nouveau : les vieux forums eux-même sont d'ailleurs rempli de la fameuse phrase «Google is your friend» l'équivalent contemporain de RTFM ("Read The F***ing Manual").

Vers une Facebook netiquette :

N'oubliez pas que certains de vos employés ont sans doute déjà utilisé des réseaux sociaux pour produire, dans le cadre d'autres entreprises ou organisations - universités, écoles, associations, communautés en ligne... Considérez ces réseaux sociaux comme des outils.

Si vous pensez que vos employés ne peuvent utiliser ces outils sans danger pour leur productivité, si vous pensez que l'usage de certains réseaux sociaux ne peut pas être toléré dans l'entreprise, il ne faut pas leur en laisser l'accès. Militez pour le blocage de celui-ci dans le firewall.

Mais sachez que les APIs de ces réseaux les rendent accessibles via des miliers de sites tiers. En bloquant le site twitter.com, le gouvernement Iranien n'a pas réussi à bloquer l'accès au service Twitter, il est douteux que vous y arriviez !

Les réseaux sociaux sont des outils de communication apparus au 21e siècle, tout comme le téléphone a été un outil de communication apparu avec le 20e siècle. Il n'a pas si longtemps, on hésitait à donner le téléphone à certains employés. Il n'aurait pas fallu qu'ils perdent du temps de travail à appeller chez eux. Aujourd'hui, on en est d'avantage à noter les numéros de mobile de ses collègues dans son propre téléphone portable, au cas où...

Certains usages continueront à être dénoncés ça et là. Baisse de productivité ou discours négatif sur son entreprise ou ses collègues peuvent être observés sur ces outils, mais il en est de même avec tous les outils de communication, que ce soit au sein de l'entreprise ou à l'extérieur de celle-ci, que ce soit durant les heures de travail ou non...

L'usage de la messagerie est aujourd'hui très codifie en entreprise, mais il y a 15 ans, il était fréquent de voir passer des mails qui parfois coûtaient chers à leurs auteurs, ou même d'entendre des discours sur l'inutilité de l'email «dans mon entreprise, pour mes salariés».

Peu à peu, chaque outil utilisé dans l'enceinte de l'entreprise sera pourvu de ses règles d'usage et de son étiquette... Après le mail, viendre le tour de Facebook, Twitter, Viadeo, LinkedIn, Google Wave.

Les bons outils de Web 2.0 associés aux bons usages exercés dans le cadre d'une étiquette étendue permettront non seulement des gains de productivité mais aussi de nouvelles opportunités d'épanouissement.
Gardons l'espoir d'un job de "wave" pour tous ! 



Sur ce sujet, un grand débat a été organisé par TechToc.tv, à découvir ici :


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